Fumeurs d’Opium

“Je ne rêve pas, je ne suis pas ivre ; non, je pense, je vois, j’entends, mieux que de mon vivant. L’oiseau parleur bavarde en annamite, et sa voix grêle récite — mais qui me l’a dit ? — les ironiques et triomphales litanies de l’Opium.”
Recueil de sept nouvelles qui se déroulent en Indochine à la fin du XIXe siècle, Fumeurs d’opium est un authentique chef d’œuvre et certainement l’une des meilleures illustrations littéraires des terribles génies de la “pâte noire”.

CHF33.14

UGS : 978-2-88086-502-3 Catégories : , ,
Poids 0.358 kg
Dimensions 14 × 21 cm
Auteur

Année d'édition

Dans la tradition de Thomas de Quincey ou de Charles Baudelaire, Jules Boissière décrit les effets de l’opium sur celui qui s’y adonne. Mais là où ces deux auteurs se limitent à leurs propres expériences ou à celles de leurs amis proches, l’auteur peint un tableau de la société tout entière, représentée côté indigène par le lettré classique et côté colonisateur par le soldat français. Selon les deux optiques, l’opium est la panacée pour atteindre la sagesse, la sérénité par l’effacement des limites entre le Bien et le Mal, l’impassibilité même devant la mort, la compassion mutuelle qui peut unir d’anciens ennemis…
Tour à tour fantastique, effroyable, halluciné ou alors totalement apaisé, ce recueil évoque sans cesse l’opium, dans le cadre d’une nature tantôt hostile, tantôt enchanteresse et dans des contextes variés. A la recherche de mines d’or dans une forêt mystérieuse, avec des tirailleurs tonkinois, des comédiens ambulants ou les Génies du Mont Tân-Vien, l’Opium est toujours présent…
“Je fume encore, encore. Ma vaste bienveillance s’élargit toujours ; mais avec elle, voici que monte et grandit l’indifférence et le dégoût d’agir. Un besoin me vient d’absolue inertie, de rester en place, de ne pas parler, et de laisser rouler les mondes, sans y toucher, satisfait de les voir et de les comprendre, du haut de mon intelligent et lucide anéantissement. (…) Sur le socle du Génie, je discerne, grain à grain, la poussière ; je reconnais le cliquetis de chaque insecte, au loin dans la brousse ; et s’il me plaisait, j’entendrais aussi l’herbe pousser : la belle affaire ! Et ce Génie qu’on nous disait si hostile, son sourire m’apparaît indulgent et doux ; il sait comme moi, n’est-il pas vrai ? que nous sommes frères, car lui aussi, sans doute, il fut un sage fumeur. Il est mort, pourtant!”