Sao Van Di Un amour laotien
L’histoire de Sao Van Di, jeune Laotienne, est à la fois un hymne à l’amour et une sorte d’apologie de la « vie simple » du peuple lao, telle que l’a perçue Jean Ajalbert au début du 20e siècle, à l’aube de la colonisation. Grand succès à sa parution en 1905, ce roman a tout de suite été reconnu comme précurseur dans l’évolution de la littérature indochinoise, étant le premier à faire agir des personnages indigènes, avec la compréhension de l’âme laotienne et en dépassant le rationalisme européen.
CHF33.14
Poids | 0.318 kg |
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Dimensions | 14 × 21 cm |
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Si le Laos a fait l’objet d’une littérature d’exploration assez abondante (Henri Mouhot, Auguste Pavie, Francis Garnier, Isabelle Massieu, tous édités chez Olizane pour leurs récits), peu de romanciers s’y sont intéressés. Jean Ajalbert a été un précurseur en la matière, et a décrit avec sensibilité les mœurs du peuple lao de son époque, dans un roman qui dépasse l’œuvre coloniale ou exotique pour plonger dans l’âme des Laotiens.
Sao van Di raconte l’amour dans la cité de Luang Prabang. Une fresque des comportements et des mentalités populaires laotiennes du début du 20e siècle. L’histoire rapproche la belle Sao van Di du jeune Kao Kome Sène. Le joueur de khène lui déclare son amour par des couplets poétiques, le soir à la pagode, le visage dissimulé par un tissu de coton tendu entre les groupes de jeunes filles qui répondent effrontément aux déclarations de leurs prétendants.
Dans un langage très poétique, l’auteur évoque avec empathie la passion immodérée du peuple laotien pour la fête et l’amour. Cette ferveur, tout empreinte du bouddhisme, se nourrit aussi de la croyance aux esprits qu’il faut se concilier par maintes pratiques magiques.
La vie quotidienne se déroule ainsi au rythme des célébrations et réjouissances, au cours desquelles les pou bao (les prétendants) déclarent leurs sentiments aux pou sao (les jeunes filles), accompagnés du son mélodieux du khène…
“Nuit de Grande Lune, nuit d’allégresse et de passion, nuit d’appels enamourés, de chansons libres, de musiques étourdissantes… C’était la huitième nuit de la Lune croissante, qui forgeait au ciel son bouclier d’argent, tout-puissant contre les Esprits des airs… Aussi, sous les frondaisons de l’oranger, du frangipanier et des tamarins, processionnaient, avec des piques surmontées de bouquets, des théories de pou saos, le chignon noir couronné de blanches corolles ou de chaînettes d’or, et de pou baos portant une fleur à l’oreille. Des bandes juvéniles entraient dans les pagodes, où les offrandes de jasmins et de bananes mêlaient leurs senteurs fraîches à la fumée des baguettes de benjoin… Dans le fracas des tams-tams sous les vérandas, illuminées d’en bas par les brasiers de la cour où se cuisinaient les mets soignés de quelque festin, dominaient les flûtes perçantes… Mais, à travers tant d’émanations subtiles ou lourdes, fugaces ou stagnantes, de fleurs, de fruits, de résines, de nourritures — plus suave, et pénétrante et capiteuse que toutes les autres, s’exhalait l’odeur des fleurs courtisanes, qui ne se propage que dans les ténèbres…”