Zen ou l’art de pédaler
“Il y a le cheval en Mongolie, le dromadaire au Sahara (vaisseau des sables), le yak au Tibet et au Pamir (vaisseau du plateau), mais la bicyclette est le véritable vaisseau spacieux ou terrestre du facteur et du cyclonaute.” Et il y a Claude Marthaler, ardent pratiquant vélocipédiste, qui nous partage ses réflexions «vélosophiques», avec poésie et humour. Cet hymne au vélo nous entraîne dans ses roues et ne nous lâche plus!
« Voyager est une expérience très subjective, une conspiration entre perception, imagination et contrainte physique ». Par ces mots, Claude Marthaler révèle son engagement total dans cet art de vivre qu’il a fait sien. Pédaler et jouir de cette euphorie qui le porte et le transporte, qui lui fait enchaîner envolées déraisonnables et calembours hallucinés.
“Observateur et observé à la fois, le voyageur est au cœur d’une double transaction où chacun se retrouve l’étrange étranger. Histoires de peu de paroles où le cœur et le corps parlent à la place de la tête, où l’unique et l’éphémère densifient toute rencontre. Et, comme les roues de mon vélo épousent la route, je n’ai jamais laissé aucune trace visible de mon passage. Sauf peut-être dans le cœur des gens…”
Car voyager lentement, c’est rencontrer rapidement. Voilà l’autre secret de cette énergie incroyable qu’il déploie : le bonheur de la rencontre et du partage. Pour voyager, il faut aimer, sans frontières, les gens autant que la route. Et c’est à la rencontre des habitants de la Terre, autant que de lui-même, que retourne sans cesse cet inlassable voyageur. Il nous fait part de ses rencontres, de ses émerveillements, de ses maux parfois, par des mots avec lesquels il se plaît à jouer.
Pour Claude, « enfourcher un vélo, c’est aussi chevaucher tous les paradoxes ». La fragilité devient une force, le rythme indolent un accélérateur. Il rend ainsi à la Terre sa vraie dimension, à la fois immense et intime. La juste mesure du monde.
