La Pérégrination vers l’Occident de Pékin à Paris, le voyage de deux moines nestoriens au temps de Marco Polo
Alternant entre le récit d’aventure de deux moines ouïghours nestoriens, l’histoire de l’Empire mongol, et celle de l’Église d’Orient, l’auteur nous transporte au cœur des routes de la soie du XIIIe siècle. Une histoire fascinante, à la croisée du roman historique et du récit de voyage.
Cet ouvrage été couronné par le Prix littéraire 2020 de L’Œuvre d’Orient, dont le jury a salué le travail de recherche mené par Pierre Klein, mais aussi sa qualité d’écriture, ainsi que l’optimisme et l’espoir qui émanent de son œuvre.
En 1275, alors que l’Empire mongol domine l’Asie, de la Chine à la Syrie, deux moines ouïghours chrétiens nestoriens vivant près de Pékin, Çauma et son disciple Marcos, décident de se rendre en pèlerinage à Jérusalem…
La guerre entre les Mongols et les Mamelouks musulmans d’Egypte immobilise les deux pèlerins en Mésopotamie. Ils séjournent dans cette région depuis quatre ans quand le catholicos nestorien – le pape de l’Eglise d’Orient – vient à mourir. Les évêques, qui doivent élire leur nouveau patriarche, sont désemparés face aux mœurs, aux coutumes et à la langue des maîtres du nouvel Empire mongol. Ils ont alors l’idée lumineuse de choisir Marcos, puisque les Ouïghours et les Mongols sont deux peuples très proches sortis des steppes d’Asie centrale.
Bien que Marcos proteste, se sentant incapable de remplir cette tâche, il sera catholicos durant près de quarante ans, sous le nom de Jabalaha III.
Çauma, grâce à sa maîtrise des langues, sera l’ambassadeur du khan auprès des puissances européennes pour tenter de sceller contre les Mamelouks une alliance qui aurait pu changer la face du monde. Il devient ainsi le premier homme connu à avoir parcouru l’Asie et l’Europe, du Pacifique à l’Atlantique.
La biographie des deux moines a été écrite en syriaque au début du 14e siècle, peu de temps après la mort de Jabalaha, par l’un de ses proches, et a été retrouvée en 1887 au Kurdistan.
Tout en respectant fidèlement la trame historique, Pierre Klein donne vie aux deux pèlerins en replaçant leur pérégrination au cœur des grands enjeux de l’époque, dont beaucoup demeurent d’actualité.
Le lecteur sera intéressé par les découvertes proposées par ce récit : Les raisons des croisades. Les Mongols en Mésopotamie pour plus d’un siècle. Des temples bouddhistes dans toute cette région alors qu’il n’en reste aucun souvenir. L’initiation des relations directes entre l’Est et l’Ouest de l’Eurasie qui ne seront plus jamais rompues. Le monothéisme chamanique mongol protégeant toutes les religions. Les tentatives d’alliance. Les étonnements réciproques. Un monde propre à surprendre sans cesse.
Un monde où les rapports entre politique et religion sont au cœur des enjeux. Dans cette histoire, on croise des chrétiens et des musulmans, des Mongols tengristes et des bouddhistes, des zoroastriens, etc. Les relations entre les uns et les autres ne peuvent nous laisser indifférents. Pourquoi et comment une tradition prend-elle le pas sur une autre ? Comment le pouvoir s’en sert-il ? Quels compromis une religion doit-elle être prête à faire ? Ce sont toujours des questions d’actualité.